Deux formations de la Ligue s'apprêtent à vivre une saison à nulle autre pareille. Après les Hornets, marqués par les dévastations du cyclone Katrina mais épargnés dans leur chair, les Hawks doivent désormais composer avec la disparition de l'un des leurs. Le décès de l'intérieur Jason Collier, emporté samedi à 28 ans dans son sommeil, a frappé Atlanta de plein fouet. Mais tandis que les larmes ne sont pas encore sèches et alors que l'autopsie n'a pas rendu son verdict, les Hawks ont entamé, dès ce dimanche, le processus de deuil.
Le souvenir de Jason Collier accompagnera les Hawks tout au long de la saison.Derrick Coleman se souvient. Jeune lieutenant du prodige croate, l'ancien Net avait pris de plein fouet l'annonce du décès de son coéquipier Drazen Petrovic à l'été 93. "A la fin de la saison, on ne savait pas s'il allait rester avec nous, il y avait beaucoup de bruit autour de son départ, explique-t-il, mais sa disparition nous a tous anéantis. On a beau être pris dans une routine une fois que la saison est lancée, ou peut-être justement à cause de cette routine, il a fallu du temps pour qu'on accepte de tourner la page. Son souvenir a longtemps été très présent."
Et Mike Woodson, l'entraîneur des Hawks, de vraisemblablement déjà songer à s'enquérir de l'expérience de Chuck Daly, alors coach des Nets, ou de Chris Ford qui était, lui, à la tête des Celtics au moment du décès de Reggie Lewis. "Je n'ai jamais eu à faire face à une telle tragédie en 23 ans dans le basket." souffle-t-il, ajoutant "Personne ne peut s'y préparer, mais je dois aider mes gars à traverser cette épreuve. Tout le staff doit être à pied d'œuvre pour les épauler, les conseiller et agir comme des mentors." D'autant que l'effectif des Hawks est particulièrement jeune. "On a à faire à des jeunes qui n'ont peut-être jamais eu à faire face à ce genre de tragédie dans leurs vies personnelles." souligne ainsi Woodson.
"Transformer la peine en rage positive"
Pour autant, les jeunes joueurs de l'équipe ont d'ores et déjà leur avis sur la question. Ainsi Josh Childress d'expliquer: "Je pense qu'on est capable d'accepter ce qui s'est passé. Mais il faut dès à présent réaliser que cette tragédie va nous suivre tout au long de la saison, dans les victoires, dans les défaites, à l'entraînement. Il va falloir accepter d'en parler, de répondre aux mêmes questions. Et je crois que la meilleure façon d'honorer sa mémoire, c'est de prendre conscience du privilège d'être vivant, de faire un métier qu'on aime. Et le plus important sera surtout de réagir en équipe, de rester solidaire dans l'épreuve."
Car si sur le terrain, la disparition de Jason Collier ne sera pas, d'un point de vue strictement basket, insurmontable, l'ancien pensionnaire de Georgia Tech n'étant attendu cette saison qu'en tant que doublure de Zaza Pachulia, son décès ne manquera pas de laisser des traces dans le vestiaire. S'habituer à son absence et aux conditions de son départ sera sans aucun doute le défi le plus ardu à relever pour ses anciens coéquipiers. Dès ce dimanche, alors que les joueurs étaient invités à leur premier entraînement depuis la tragédie, Mike Woodson, Josh Childress et consorts ont ainsi dû faire face au silence pesant, à la gêne manifeste et à ce casier désespérément vide. Et nul doute que le trajet jusqu'à Charlotte ce lundi pour un match de pré-saison face aux Bobcats sera particulièrement silencieux...
"Même si ce n'est jamais évident, il va falloir beaucoup en parler entre nous, , explique portant Al Harrington, son voisin dans le vestiaire, il faut qu'on reprenne le dessus, ne pas se laisser gagner par l'abattement. Et en sa mémoire, transformer cette peine en rage positive." Avant de souffler "Mais c'est toujours plus facile à dire qu'à faire. "