Un troisième titre de champion n'y changera rien. Deux premiers sacres (1999, 2003), deux titres de MVP (2002, 2003) n'ont pas plus suffi. Bien souvent reconnu comme le meilleur joueur de la Ligue, Tim Duncan n'en a pour autant jamais été considéré comme une superstar. La faute à un jeu trop propre, trop lisse, l'efficacité primant sur le clinquant, à une réserve naturelle, les émotions restant le plus souvent contenues, ou au manque de glamour de San Antonio. Mais les Spurs, bâtis à son image n'en ont cure: Tim Duncan est avant tout une fantastique machine à gagner...
Duncan, concentré sur le jeu. Mike D'Antoni est forcément gêné aux entournures de devoir faire une telle confession. Néanmoins, l'entraîneur des Suns n'en fait pas mystère. "Je déteste dire ça, mais Tim Duncan est le meilleur joueur de la Ligue. Il fait toujours le bon choix au bon moment. C'est un vrai gagneur et surtout il rend les autres meilleurs. Et c'est pourquoi les Spurs sont si forts." souffle-t-il. Un aveu lourd de sens puisque D'Antoni a sous ses ordres un certain Steve Nash, tout fraîchement élu MVP...
Le meneur canadien n'en prendra pas ombrage pour autant, Nash faisant en effet à son tour acte d'allégeance. "Il est incroyable. Il ne donne jamais l'impression de forcer, il simplifie le jeu mais il a une emprise totale sur le match." soufflait-il à l'issue d'une nouvelle démonstration de l'intérieur texan synonyme de fin de parcours pour Phœnix.
Tim Duncan, meilleur joueur de la Ligue? Ses statistiques ne sont pas, et n'ont même jamais été aussi clinquantes que chez certains de ses plus glorieux concurrents, l'intéressé n'ayant ainsi jamais été en course pour le titre de meilleur marqueur ou ne franchissant, et encore timidement, la barre des 25 points de moyenne sur une saison qu'à une seule occasion (2002). Mais malgré une saison perturbée par les blessures et achevée avec ses plus faibles moyennes en carrière (20,3 points et 11,1 rebonds de moyenne), Duncan n'en demeure pas moins l'un des joueurs les plus dominants, si ce n'est le plus dominant. La saison réussie des Spurs, sa deuxième place à l'efficiency derrière l'inamovible Garnett en attestent une fois encore.
L'équipe d'abordDeux bagues de champion, deux titres de MVP (2002, 2003), une présence systématique dans le premier cinq de l'année depuis son arrivée dans la Ligue il y a huit ans sont également à mettre à son crédit. Car l'influence de Duncan ne saurait se limiter à ses statistiques individuelles. L'ancien pensionnaire de Wake Forest, élu meilleur joueur universitaire lors de son passage universitaire, est en effet une pierre philosophale, capable au même titre qu'un Jason Kidd de bonifier ses partenaires et veillant à ce que chacun soit impliqué. Collectif jusqu'au bout des ongles, Duncan pense au jeu plus qu'au je.
Gregg Popovich, qui ne fonctionne que très rarement sur le mode laudateur, se montre en revanche dithyrambique sur le cas Duncan. Parmi ses nombreuses déclarations d'amour, celle-ci relevée dans le magasine Slam résume ainsi l'estime de l'entraîneur pour son maître: "Tout ce qui se passe à San Antonio, c'est Tim qui le permet. Quelle que soit la critique, Tim l'accepte et retourne travailler. Tout devient dès lors plus facile pour gérer le reste de l'effectif et le faire aller dans la même direction. Tout commence avec Tim. C'est un exemple pour ses coéquipiers et son envie d'avancer ensemble est une belle récompense pour eux."
'Joueur le plus ennuyeux'
Avec Duncan, les Spurs avancent groupés. Malgré ces tombereaux de reconnaissances en tout genre, Duncan n'en reste pas moins dans l'ombre de ses prestigieux aînés. Et même de beaucoup de ses contemporains. Ainsi, l'uniforme des Spurs flanqué du n°21 n'apparaît-il pas dans le top 10 des maillots les plus vendus. Ainsi son image n'est que très rarement recherchée pour vanter tel ou tel produit, si ce n'est les H-E-B Stores, chaîne d'épicerie dont la renommée ne dépasse pas le sud du Texas. Et il n'est guère fréquent que les jeunes pousses écumant les playgrounds de la planète orange se vantent d'un ‘spécial Tim' après un tir pris avec la planche.
Sa côte de popularité est telle que Sports Illustrated, expliquant qu'il était un "modèle d'anti-charisme", l'avait élu ‘Joueur le plus ennuyeux'. Sa présence dans les highlights est en effet inhabituelle, Duncan récitant ses gammes fait de tirs à mi-distance avec la planche, jeu près du cercle sans jamais vouloir enfoncer son vis à vis, ses actions rarement étincelantes et sa réserve coutumière. Pas de quoi soulever les foules. Les trophées en revanche...
Sujet: Duncan, prix d'exellence 
