La saga Lakers a donc repris. Un an après son arrêt, le casting volant en éclats après l'échec de la saison des Fourmidables, le feuilleton hollywoodien a retrouvé le haut de l'affiche depuis le retour, au début de l'été, de Phil Jackson. Si Shaquille O'Neal ne fait plus parti du paysage, les retrouvailles entre l'homme aux dix bagues de champions et son meilleur ennemi, Kobe Bryant, celui-là même qu'il avait qualifié il y a peu d'"ingérable", suffiront à concentrer l'attention. Et ce même si jusque là, tout va bien...
Phil Jackson et Kobe Bryant réconciliés...Les scénaristes d'Hollywood ne sont plus à une invraisemblance prêt. Alors que le couac majuscule face aux Pistons, à l'été 2004, avait donné le clap de fin sur les cinq saisons toujours plus haletantes du soap-opera des Lakers, il fallait alors en effet faire preuve d'une belle imagination pour concevoir le retour de Phil Jackson. Car si les destinées des futurs Hall Famers Gary Payton et Karl Malone étaient devenues anecdotiques, le combat des chefs entre Kobe Bryant et Shaquille O'Neal, arbitré de loin par un Phil Jackson partial au possible, fut aussi magnifique que rédhibitoire.
Et fort du soutien de Mitch ‘Coupe Shaq' Kupchak, Kobe Bryant eut beau avoir le dernier mot, raflant un pactole de 136 millions de dollars sur sept ans, les mots n'en finirent pas pour autant de pleuvoir. Fidèle à ses habitudes, Shaquille fut évidemment le plus prolixe, mais l'ancien coach des Bulls, pourtant occupé à profiter tout autant de sa famille que des plages australiennes ou de son ranch dans le Montana, y alla également de ses piques contre KB8. Dans un livre carnet de bord, The Last season, Jackson expliquait ainsi avoir souhaité s'en séparer, son égoïsme et son individualisme ayant eu raison de sa patience, et assénait un commentaire définitif: "Kobe Bryant est incoachable". L'intéressé a évidemment apprécié...
Jeanie Buss a eu gain de cause
Mais puisqu'il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis, Phil Jackson a donc décidé de se rasseoir sur le banc des Lakers, cédant, au même titre que les autres dirigeants californiens, face au lobbying et au sens de persuasion de sa compagne Jeanie Buss, vice-présidente de la franchise et accessoirement fille du propriétaire. Alors que leur relation survivait à leur divorce professionnel, elle n'abandonna en effet jamais l'idée de le revoir à la tête de l'orchestre jaune et pourpre, marquée par son excitation à voir jouer les nouveaux Lakers.
Aussi lorsque Rudy Tomjanovich renonça, elle fut la première à lâcher son nom. La succession prit certes du temps, Jeanie Buss devant notamment obtenir l'aval de son père tandis que Phil Jackson faisait de même avec ses enfants avant de s'assurer également des bons sentiments de Kobe Bryant, mais l'affaire fut conclue à la mi-juin, l'ancien entraîneur des Bulls devenant pour l'occasion l'entraîneur le mieux payé du sport américain avec un contrat de 3 ans et 30 millions de dollars.
Depuis, il fait grand beau à Los Angeles. L'été n'a pas été aussi excitant que les fans de la franchise pouvaient l'espérer, seule l'arrivée de Kwame Brown sortant réellement les Lakers de leur torpeur sur le marché des transferts, mais les relations entre les deux vedettes californiennes sont au beau fixe. Tout du moins, autant que faire se peut. Kobe Bryant d'expliquer ainsi "Nous savons ce qu'il en est de notre relation. Les propos des gens extérieurs ne nous intéressent pas, ce n'est que du blabla. A nous de répondre sur le terrain. On a montré qu'on pouvait réussir ensemble et je ne doute pas que ça va être le cas cette saison.", renchérissant "Il n'y aucun problème de confiance entre nous, Phil est un très grand entraîneur et c'est définitivement l'homme de la situation."
"Tellement à prouver..."
Tout va bien dans le meilleur des mondes. A tel point que revenant sur ses commentaires peu amènes à son égard, KB8 confie "ça doit paraître plus difficile vu de l'extérieur que pour moi-même, car avoir un coach qui me critique, ça ne me déplait pas", ajoutant toutefois "c'est une question de maturité, il faut savoir pardonner et aller de l'avant." L'heure du grand pardon a donc sonné et les deux hommes ont d'ores et déjà instauré quelques règles de travail. Ainsi, à la demande de' l'arrière californien, ont-ils établi une "safe zone" leur permettant de converser en toute confidentialité et d'évoquer la vie et le travail de l'équipe.
Car si l'effectif n'a guère été retouché durant l'été, Aaron McKie, Andrew Bynum et Smush Parker constituant les autres arrivées ‘majeures', plusieurs bouleversements sont à prévoir sur le parquet. En plus de privilégier la press en défense, faute d'athlètes à l'intérieur, Jackson a en effet décidé d'en revenir à sa chère attaque en triangle et d'opter, l'octogénaire Tex Winter ayant été appelé à la rescousse. Mais plutôt que de confier les clés de la manœuvre à Bryant, la conduite du jeu sera attribuée au versatile Lamar Odom qui se retrouve propulsé meneur en l'état après plusieurs saisons passées à devoir privilégier le jeu près du cercle. Un tel repositionnement n'est pas sans combler d'aise Kobe Bryant qui n'aura plus qu'à se concentrer sur son rôle de scoreur patenté. Après une saison marquée par un fléchissement statistique, l'arrière californien entend ainsi retrouver les sommets de la Ligue, Phil Jackson en ayant d'ores et déjà fait son favori pour le titre de MVP.
Pour ce qui est des succès collectifs, les Lakers devront en revanche prendre leur mal en patience, le staff californien ne visant pas plus haut qu'une qualification en playoffs. Une place dans les huit premiers d'une conférence ouest particulièrement relevée serait en effet synonyme de réussite pour la franchise californienne. Confronté pour la première fois de sa carrière à une entreprise de reconstruction, Phil Jackson saurait ainsi s'en contenter avant de viser plus haut en chassant sur le marché des transferts le chaînon manquant. Mais pour l'heure, le plus important pour l'entraîneur californien, comme pour sa vedette, est bien d'afficher un visage serein. Ce dont ne doute pas Magic Johnon, observateur privilégié: "Ils ont tellement à prouver qu'ils ne peuvent que s'entendre..."
Sujet: Phil & Kobe, Acte II