La loi du sol est inflexible. Comme les Spurs, les Pistons se montrent en effet intraitables à domicile. En témoigne la seconde victoire consécutive conquise par les champions en titre à Auburn Hills, Detroit étrillant San Antonio 102-71 au terme d'une rencontre à sens unique et revenant à 2-2 dans les Finals avant une cinquième manche à jouer à nouveau dans le Michigan. Si les Pistons ont évidemment bâti leur succès en défense, l'attaque du Motor a tourné à plein régime avec sept joueurs à plus de points dont Chauncey Billups et Lindsey Hunter, 17 points chacun.
Billups et les Pistons ont retrouvé le sourire. Déjà quelque peu marri par la prestation des siens lors de la troisième manche
"Vous avez joué le pire basket qu'il ne m'a jamais été donné de voir en playoffs." , Gregg Popovich frise cette fois l'apoplexie. Après avoir ainsi fustigé à la pause les errements de ses ouailles dans les vestiaires -les murs en tremblent encore-, l'entraîneur texan n'a toujours pas décoléré à l'issue de la rencontre.
"Je ne me sens pas frustré. Le mot n'est pas assez fort, il y en aurait d'autres bien plus appropriés, confie-t-il, je ne parviens pas à comprendre comment leur défense et leur intensité physique peuvent tant nous faire déjouer."Ses joueurs n'auront en effet fait illusion que le temps d'une première minute réussie. Il y eut bien parfois quelques réactions sporadiques chez les visiteurs, mais pour ce qui est d'assister enfin à une rencontre haletante, il faudra repasser. Cette quatrième manche des Finals n'a pas dérogé à la règle et a même confiné le plus clair du temps à un cavalier seul des Pistons. Et les champions en titre ont été une fois encore rapide à donner le ton de la soirée puisque si ce sont donc les Spurs qui ouvraient les débats en enquillant leurs deux premiers paniers, Detroit a eu vite fait de pousser San Antonio à sa perte. A ses pertes...
Un Detroit centenaireCar comme l'avant-veille, ce sont en effet les pertes de balle qui ont coulé le navire texan. En y allant de quatre interceptions en à peine plus de deux minutes dés le début du premier acte, les Pistons démarraient en effet la rencontre comme ils avaient terminé la précédente: en fanfare. Faisant honneur à son statut de meilleur défenseur de la Ligue, Ben Wallace reprenait ses travaux d'Hercule entamés lors de la troisième manche, grattant trois ballons pour mettre les siens sur la bonne voie. Les Pistons en profitaient en effet pour récupérer le commandement et créer dans la foulée un premier écart avec huit longueurs d'avance. Le cauchemar d'une nuit d'été pouvait commencer. "Ils n'ont ont mis beaucoup de pression et nous ont rien laissé faire en attaque. Il va falloir trouver une solution." soufflait après-coup un Parker désabusé.
Il y eut bien, côté texan, quelques rares séquences encourageantes pour faire croire à un éventuel retour, mais pour l'essentiel, la soirée a tourné à la démonstration. Ainsi, si la Beno Udrih, en inscrivant cinq points en une minute, permettait furtivement aux Spurs de reprendre espoir à la fin du premier quart, Rasheed Wallace répliquait du tac au tac par un panier primé au buzzer et coupait l'élan texan. Rebelote dans le deuxième acte après que les Pistons, intraitables en défense, aient passé un 14-0 à leurs visiteurs pour faire le grand écart. Tim Duncan parvenait alors à relancer les siens avec six points de rang, mais le grand Timonier à peine remisé sur le banc, Detroit en remettait une couche avec un 7-0 en moins d'une minute pour atteindre la pause nantis de 15 points d'avance.
Tim Duncan et les Spurs bousculés.
Et au retour des vestiaires, après la soufflante passée par Pop' à ses troupes, il était déjà l'heure pour les champions en titre d'abattre leur dix de der. San Antonio a en effet à peine le temps de faire montre d'une agressivité enfin retrouvée avec notamment deux paniers pour entamer le troisième acte que Detroit répond en sortant son joker vétéran Lindsey Hunter, auteur de dix points consécutifs en à peine trois minutes. Après avoir touché le fond au cours du deuxième quart avec un déprimant 25% de réussite, les Spurs ont certes retrouvé un semblant d'allant en attaque, mais, incapables de freiner les Pistons, les Texans en ont été quittes pour boire le calice jusqu'à la lie.
Les Spurs en failliteDetroit continuant à réciter ses gammes des deux côtés du parquet tandis que San Antonio n'en finissait plus de cafouiller son basket, l'écart n'a pas cessé d'enfler au fil des minutes, au point de passer la barre des 20 unités à l'entame de la dernière ligne droite, puis celle des 30 dans les dernières secondes. Deux jours après avoir encaissé plus de 90 points pour la première fois en 14 matches de Finals, c'est cette fois le cap des 100 que les Pistons franchissaient allègrement... De quoi faire jubiler un Larry Brown extatique: "On a été phénoménal ce soir. Honnêtement, je crois que c'est le meilleur match que j'ai vu jouer par une de mes équipes. On ne peut pas jouer mieux, c'est vraiment un match spécial."
Non contents de réduire les Texans à la portion congrue grâce à leur rideau de fer, San Antonio terminant avec un piètre 37% de réussite pour aller avec ses 17 pertes de balle, les champions en titre ont en effet tout autant excellé en attaque. Et une fois n'est pas coutume, Ben Wallace a beau se fendre d'un double-double avec 11 points et 13 rebonds, Chauncey Billups jouer la carte de l'éclectisme en compilant 17 points, 7 rebonds et 5 passes, la palme de la soirée revient à Lindsey Hunter, remarquable de productivité. 22 minutes lui ont en effet suffi à compiler 17 points à 7 sur 10 et 5 passes, son collègue du banc Antonio McDyess étant à peine en reste avec ses 13 rebonds et 7 contres.
Côté texan, la feuille de statistique est évidemment à jeter aux oubliettes. Même Tim Duncan, pourtant auteur d'un énième double-double, 16 points et 16 rebonds, n'a su échapper en marasme comme en atteste son 5 sur 17 aux tirs. Ses deux collègues du Big Three texan, Manu Ginobili et Tony Parker, n'ont pas pu plus peser en attaque avec 12 points chacun et les prestations du reste de l'équipe est à l'avenant, l'oscar de la maladresse –2 sur 8 aux tirs- revenant à un Devin Brown rouillé. Mais c'est bien toute l'attaque des Texans qui était grippée et Gregg Popovich à trois jours pour trouver les mots justes et les bons systèmes adéquats pour remettre San Antonio en selle d'ici dimanche et une cinquième manche évidemment cruciale et pour laquelle Detroit bénéficiera une fois encore de l'avantage du terrain.